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Jean M. Ollivier | all galleries >> Scraps et souvenirs >> Secret pin's >> Dans le secret des Ollivier >> Compilé des meilleurs écrits et récits >> 13personnes > 1932 R. Ollivier à La Cochette - Service militaire à Embrun. Souvenirs.
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1932 Clichés R. Ollivier

1932 R. Ollivier à La Cochette - Service militaire à Embrun. Souvenirs.

Légende, derrière la photo :
A Maïté,
l'ours pyrénéen dans les Alpes
Briançon, octobre 1932.
R. Ollivier

Année 1932

L’année du service militaire de Robert.

Journal personnel de Robert en poste à Embrun pour son service militaire.

ROBERT OLLIVIER – 159è R. I. A. 9è Cie à EMBRUN
Commencé le 5 Juin 1932

Au revers de la couverture recto : dessin à la main du blason du 159è RIA

Dimanche 5 Juin 1932
En guise de préface

Dans le fond des casernes, sur les routes surchauffées et aveuglantes de lumière, sous les tempêtes glacées des Alpes, sur les pentes arides et rocailleuses, dans les déserts montagneux où il semble qu’on ne puisse vivre qu’en liberté, sans chaînes et sans discipline entraves, le troupier, chargé comme un âne sous une multitude d’engins de morts, écrasé plus encore par la lourde discipline, oublie ses peines et ses colères en se grisant de chansons.
Moi Robert Ollivier, troupier comme les autres au 159ème RIA, montagnard par vocation, mais souffrant plus que les autres encore de ma condition d’esclave, pour avoir connu les Pyénées avec la liberté, l’indépendance d’un isard, j’ai commencé ce cahier le 5 Juin 1932, dans la caserne d’Embrun, en rêvant aux solitudes arides et merveilleuses de la Maladetta, du Marboré, de Campo-Plano, qui m’ont donné les plus grandes joies de mon existence ; car là seulement, la liberté n’est pas un vain mot.
Embrun, 5 Juin 1932
Signé : Robert Ollivier

Suivent 31 pages de textes de chansons de troupier.

Vendredi 24 Juin 1932 – Ascension du Mont Saint Guillaume (2.540 m)

Bonne journée. [Nous avons] assez rigolé. Ballade (sic) assez amusante.

Et sur ces sommets clairs où le silence vibre
Dans l’azur éternel, immense et pur – jeté,
On croit entendre encore le cri d’un homme libre.
José-Maria de Hérédia

Dimanche 26 Juin 1932 – Embrun – Nostalgie des Pyrénées.

Hier Samedi et aujourd’hui Dimanche, quartier libre. Une aubaine, certes. Mais quand on a plus rien à faire, on songe, on réfléchit. Ce qu’il vaudrait mieux ne pas faire quand on est troupier, parce qu’on ressent mieux se rend mieux compte de sa triste condition de prisonnier. J’ai donc revé ? A quoi ?
A quoi ? Aux sommets pyrénéens éclatants de lumière. Si belles que soient les Alpes, elles ne me feront jamais oublier un instant les montagnes, si délicatement colorées, de l’Ossau et du Balaïtous. Déserts chaotiques, jonchés de blocs de granit énormes, tachetés de névés étincelants. Je n’oublie point les heures, tantôt sereines, tantôt orageuses, mais toujours sans prix, que j’ai vécues sur votre sol tourment. Heures de libre lutte contre le rocher rebelle, heures de délicieuses contemplations, en face des horizons les plus beaux du monde.
Bataille orageuse dans le couloir occidental de la Brèche Latour, corps à corps furieux contre le dur surplomb de l’aiguille d’Ansabère, dangereuse escarmouche sur la Crête du Diable, 6 heures de lutte, sous un vent glacial et violent ; victoire inattendue et retentissante contre la face Ouest de la Tour de Costérillou [9 Septembre 1931 avec François Cazalet, it. 213 de PO4, Ed. 2008], où personne avant nous n’avait osé tenter un assaut. Combat patient et tenace contre la face Nord de l’Ossau, dont nous avons conquis, pied à pied, ignorant tout de l’itinéraire, les sculptures gigantesques et où la Montagne nous a mitraillés d’une belle et bruyante chute de pierres. Doux moments de rêverie sur les sommets récalcitrants ou faciles, dans les grands paturages où le silence n’est troublé que par le tintement nostalgique des clochettes que les troupeaux agitent au loin. Ciel bleu des Pyrénées, chants éternels des torrents limpides et puissants, hymnes sonores et puissants farouches des ouragans, nuages roses ou violets des couchers de soleil sereins, limpidité incroyable de l’atmosphère à l’aurore.
Et vous, chers compagnons, qui m’avaient conduit ou suivi dans ces régions merveilleuses, avec qui j’ai partagé mes enthousiasmes, mes peines et mes joies, c’est avec émotion que je songe maintenant à vous. Les dangers courus ensemble, les vistoires acquises parla conjugaison de nos efforts, ont forgé entre nous un lien que le temps ne peut saurait briser. La meilleure amitié est celle qui est née au cours d’épreuves supportées en commun, d’entreprises décidées ensemble, et menées à bien par l’alliance de deux volontés, de deux intelligence poursuivant le même but. Les images de mes chers compagnons ont surgi les unes après les autres en mon esprit :
François Cazalet [né en 1912], le grimpeur intrépide, que j’ai connu d’abord de réputation, avant de devenir son ami et qui partait seul à l’assaut des plus rudes murailles, lui, que le sommet de la formidable Aiguille de Pombie a vu deux fois, celui d’Ansabère trois fois, celui du Capéran de Sesques quatre fois, et que la mort a vu bien plus souvent encore sans pouvoir l’atteindre ; lui qui, à 18 ans, comptait dans ses souvenirs plus d’ascensions dangereuses que bien des grimpeurs maintenant célèbres, lui dont le courage et la témérité sont presque légendaires dans tout l’Ossalois. Il est de la lignée des Winkler, de ces escaladeurs invraisemblables dont les noms passent à la postérité, et dont on finit par croire qu’aucune paroi, aucune arête diabolique ne puissent leur résister. Son caractère est d’acier, comme ses muscles ; mais surtout il est intraitable avec ceux qui lui sont indifférents, autant il est bon et fidèle avec ses amis.
Jean Davasse, que j’ai rencontré pour la première fois un soir, au refuge d’Arrémoulit. Skieur hanté de la folie des neiges étincelantes, de la froide beauté des Pyrénées hivernales, que j’ai conquis à la volupté des luttes âpres contre le rocher, et dont la volonté tenace a triomphé de l’appréhension des précipices, qui le paralysait un peu dans ses premières escalades.
Tony Cabuzet, marcheur infatigable, toujours prêt à partir pour des randonnées interminables. [à pied comme en vélo].
MM. Duboscq et Wild, qui, à 50 ans, courent comme des isards sur les plus hauts pics pyrénéens et cumulent 46 sommets dans une saison.
Raymond Harot, au long corps maigre et nerveux.
Pierre Boucher, bon cœur et mauvaiscaractère, bâti à peu près sur le même modèle que son ami Harot, avec qui il a réalisé la première conquête de la Face Nord du pic de Ger, où personne n’a suivi leurs traces.
Voilà à quoi j’ai rêvé, ce 26 Juin 1932, prisonnier à Embrun. Je suis sauvage comme les Pyrénées que j’aime, et les images qu surgissent dans mon esprit quand je rêve, ce ne sont point des cheveux blonds ni des yeux bleus ; ce sont les visions inoubliables, contemplées du haut des cols et des brèches, où le vent hurle, des aiguilles où l’on domine avec orgueil, dans l’ivresse de la liberté et de la victoire, 150 kilomètres de pics rougis par l’aurore ou le soleil couchant.
Et surtout, quel monarque, quel empereur, quel porteur de galons pourrait m’intimer un ordre, quand je suis perché au sommet, rarement violé de l’aiguille Nord d’Ansabère et quand une ceinture de redoutables précipices me défend mieux que n’importe quel rempart contre la tyrannie des hommes ?
Embrun, 26 Juin 1932
Signé Robert Ollivier

Dimanche 3 Juillet 1932 – Réminiscence de la Révélation de la Montagne.

Il y a cinq ans, le 3 Juillet tombait aussi un Dimanche. Et ce Dimanche-là, 3 Juillet 1927, m’est survenu l’aventure qui m’a révélé La Montagne. Aurais-je jamais pensé que la prochaine année où le 3 Juillet serait un Dimanche, me verrait troupier à Embrun, bled perdu dans les Alpes, au pied de monts qui n’auraiet certes pas allumé en moi le feu sacré du montagnard ?
Quand, à 10 heures du soir, du haut d’un col célèbre, je considérais, avec un étonnement mêlé d’une admiration que je n’avais jamais éprouvée encore pour qoi que ce fût, les lignes harmonieuses des pics éclairés par un mince croissant de lune, les tâches blanchâtres des névés blottis au pied des murailles ou suspendus sur les replats, aux flancs du Penemedaa ou du Ger, j’ai senti pressenti que j’allais rentrer dans une ère phase nouvelle de ma vie ; que je sacrifierai désormais beaucoup de choses dans ma vie pour revivre les minutes d’enchantement que j’avais vécues alors, que je commençais une course de Juif-errant à la poursuite de ces visions de rêve, comme seule la montagne sait peut en offrir à ceux qui lui consacrent la plus grande partie de leur vie. C’est aujourd’hui, Dimanche 3 Juillet 1932, le cinquième anniversaire de cette curieuse équipée qui fit naître en moi la grande et belle passion de la montagne.
Embrun, 3 Juillet 1932

Suivent deux pages de chansons (voir le document papier).

Lundi 11 Juillet 1932

Le bruit court qu’il n’y aura pas de manœuvres. Quelle poisse ! Vais-je donc moisir à Embrun tout l’été ?Si j’étais sûr encore d’aller à Château-Queyras cet hiver ! Triste situation pour un montagnard : être au pied des Alpes, et ne pouvoir pas les gravir, demeurer impuissant en face d’elles, rester un an à Embrun sans avoir vu le Pelvoux et la Meije !
Pauvre 159è RIA. Tu te vantes d’être le régiment le plus haut de France et tu croupis au fond des vallées à des altitudes ridicules, tandis que les vrais diables bleus, les chasseurs au pas rapide et infatigable gravissent les plus hauts pics.
Dans 273 jours, heureusement, les Pyrénées vermeilles me dédommageront de mes désillusions. L’arête du Diable, au profil farouche me consolera de n’avoir pas vu l’orgueilleuse Barre des Ecrins. D’ailleurs, celle-là, elle n’y perdra rien pour attndre ; ses congénères non plus, du moins je l’espère.
Embrun
Robert Ollivier

Suivent deux pages de Chanson (la fille du bédouin). (voir le document papier).

Vendredi 22 Juillet 1932 – Pic de Méal (2421 m)

Dimanche 24 Juiller 1932 – Chansons : Viva Mussolini, Le Juif-Errant.

Lundi 1er Août 1932
Départ en manœuvres. Embrun-Guillestre par le col de Cherine (2.250 m)

Mardi 2 Août 1932
Guillestre – Château-Queyras. 19 km.

Mercredi 3 Août 1932
Château-Queyras – Abries. 12 km.

Jeudi 4 Août 1932
Reconnaissance au col Sant Martin. 2,65 km.

Vendredi 5 Août 1932
Travail la matinée à des abris dans la forêt de Marassan

Samedi 6 Août 1932
Reconnaissance avec le lieutenant Becquet dans la forêt de Marassan. Emplacements de fusils-mitrailleurs.

Dimanche 7 Août 1932
Corvée de patates. Repos.

Lundi 8 Août 1932
Marche d’approche. Je suis plastron avec Tatin à un emplacement de fusil-mitrailleur. Le chef Bruneaud nous contourne à notre nez et à notre barbe. L’après-midi, repos.

Mardi 9 Août 1932
Je pars pour Chamonix à l’Ecole de Haute Montagne. Reviens à Embrun le 31 Août, juste pour partir en perme le soir même.

Mercredi 21 Septembre 1932
Retour de perme.

Jeudi 22 Septembre 1932
Départ à Briançon. Changement de bataillon.

Vendredi 23 Septembre 1932
Le chef du 1er bataillon me nomme chef de poste par interim à la Cochette (2200 m)

Samedi 24 Septembre 1932
Monte au Gondran [fort]. Rencontre Lamarque. Arrive à La Cochette. Caporal Warther, téléphoniste Chalvet, artilleur Ollibert. Coup de téléphone de Davasse qui m’invite à aller le voir au Randouillet.

Dimanche 25 Septembre 1932
Déjeuner chez Davasse. Remonté sous la pluie.

Lundi 26 Septembre 1932
Monte le téléphoniste Vignard. Alibert s’en va. Corvée de charbon à l’Inferner [fort]. Neige nouvelle sur le Rochebrune

Mardi 27 Septembre 1932
La neige est plus basse qu’hier. Vent violent toute la nuit. Nous trions et rentrons du charbon.

Mercredi 28 Septembre 1932
Une lettre de Le Breton, avec de belles photos. Et en même temps une lettre de Cazalet. Mes deux compagnons d’escalade, le nouveau et l’ancien, qui ne se connaissent pas, m’ont «écrit en même temps. Présage ? Ferons-nous à nous trois, la belle cordée d’inséparables et de purs, à laquelle je rêve depuis longtemps.

Jeudi 29 Septembre 1932
Encore du charbon. Nous rentrons noirs comme des nègres. La nuit, vent violent, éclairs. Départ de Chalvet et Warther, l’un libérable, l’autre en perme

Vendredi 30 Septembre 1932
Beau temps. Vignard et moi sommes seuls au poste.
192 au jus.
Quel calme, quelle paix, loin du tintamare de la caserne. Où es-tu, Embrun ? Heureusement tu n’es plus qu’un mauvais souvenir. Je puism’estmer heureux que ce patelin exécré soit déjà entré pour moi dans le domaine des souvenirs.
Ce matin je suis monté porter le courrier au Gondran. Une agréable promenade. La brume et le mauvais temps, qui, jusqu’alors m’avaient caché l’horizon, ont disparu complètement. Et à mes yeux apparaît le superbe massif du Pelvoux, étincelant de blancheur.
Ainsi, si pn me laisse là-haut cet hiver, j’aurais presque toujourssous le syeux cet horizon splendide, où se dressent les plus grandioses majestés des Alpes.

Samedi 1er Octobre 1932
Temps superbe. Soleil presque pyrénéen.

Dimanche 2 Octobre 1932
190 au jus
Temps plus sombre. Vent. 16h : nuage de neige. Temps frais. Ciel noir comme du charbon derrière le col d’Izoard.
La « Tante joujou » de Gyp. Charmant bouquin. J’ajoute Gyp la liste des mes auteurs intéressants. Le soir, coup d’équinoxe, éclairs.

Lundi 3 Octobre 1932
189
Très beau temps, presque chaud. Le soir, rafraîchissement de la température. Vent du Nord. Quelques nuages

Mardi 4 Octobre 1932
188
Beau et presque chaud. Corvée de bois. On en aura largement assez jusqu’à la quille.

Mercredi 5 Octobre 1932
Beau temps. Ravitaillement. Alibert file définitivement.

Jeudi 6 Octobre 1932
On se réveille avec… la neige. Mais elle cesse de tomber et fond vite. Temps couvert.

Vendredi 7 Octobre 1932
Temps couvert. Le soir, froid.

Samedi 8 Octobre 1932
Neige, plus épaisse que l’autre jour. 10 cm au Gondran où je monte pour le ravitaillement ; elle fond dans la journée. Vent violent dans l’après-midi.

Dimanche 9 Octobre 1932
183
Neige. Pluie. Vent assez fort.

Lundi 10 Octobre 1932
Beau.

Mardi 11 Octobre 1932
Neige. Tard dans la journée

Mercredi 12 Octobre 1932
Neige assez épaisse, froid. Un peu de ski.

Jeudi 13 Octobre 1932
Beau temps.

Vendredi 14 Octobre 1932
177 au jus
Très beau. Warther nous annonce son retour

………………
Vendredi 28 Octobre 1932 – 17h : -5°
Samedi 29 Octobre 1932 – 8h : -4°, 17h : -6°
Dimanche 30 Octobre 1932 – 13h : -6°, 17h : -2°
Neige, beau temps. Soir neige.

Lundi 31 Octobre 1932
Neige, un peu de ski.

Mardi 1er Novembre 1932
159 au jus !!!!
Descente à la Seyte en ski. Soleil : 27,5°, ombre -4°. Différence : 31,5°

Mercredi 2 Novembre 1932
Minimum -7°. Très beau temps.

Vendredi 18 Novembre 1932
Sur feuille volante

Prise de contact d’un pyrénéiste avec le poste de La Cochette

Par delà la cime prétentieuse du Grand Rochebrune, par delà la Crête des Granges, la Grande Meije et la pointe Peguë qui me rappelle se donne insolemment des airs de « Grande Fache », je les vois onduler au loin, sous leur neige ensoleillée, à des centaines de kilomètres de mes Pyrénées vermeilles, fières sans brutalité, harmonieuses sans mollesse, désertes, sauvages, accueillantes pour les âmes orgueilleuses et farouches.
Non loin de moi, l’Oisans, hérissé de cimes énormes écrasantes et de murailles fantastiques, étaler presque tous les jours devant mes yeux sa Meije légendaire, son Pelvoux majestueux, sa formidable Barre des Ecrins. Leur beauté grandiose m’attire, mais ne m’empêche point de songer à mes montagnes. Ils sont pour moi des étrangers. Les Pyrénées me sont des amies d’enfance. Elles m’ont laissé tant de souvenirs frappants, que j’ai emporté dans les Alpes quelque chose d’elles, et que je leur ai laissé là-bas, quelque chose de moi. Le lien qui nous attache, elles et moi, ne se brisera point. Elles sont toute ma première jeunesse !
Pourtant, Grandes Alpes, je voudrais vous connaître vous aussi, pour vous admirer, sinon pour vous aimer. Mais je n’ai point pénétré encore dans vos sanctuaires. Mon esprit borné ne peut donc rêver de vous. Voilà pourquoi il se berce sans trêve de ces noms barbares pour lui doux pour lui comme une musique :
Mont-Perdu, Gaulis, Millaris, Maladetta, Gregonio, Costerillou, Frondella, Ossau, Ansabère.
Fier Pelvoux quand je te connaîtrais, ton nom figurera peut-être dans une de ces listes. Mais des Alpes, je ne connais jusqu’à maintenant que de larges vallées sillonnée de routes et de chemins de fer, et quelques monts inoffensifs qui m’ont à peine permis d’entrevoir de loin leurs grandes merveilles.
Voilà pourquoi, à 2.249 m d’altitude, rivé à mon poste, et face aux grands hauts sommets de l’Oisans, je ne rêve que de petits lacs solitaires où se mirent les pics déserts aux pentes arides et rocailleuses et aux lignes pleines d’harmonie.
A mes chères montagnes Pyrénées lointaines
Au Poste de La Cochette – 18 Nov. 1932
R. O.

Extraits du livre de Guido Rey « Alpinisme Acrobatique » choisis par Robert

Texte de Guido Rey

« Oh ! Puissè-je, en un dernier et heureux jour de ma vie, me rencontrer sur une de ces cîmes du Trentin avec une troupe de jeunes garçons venus de France, et là-haut, là où j’entendis retentir, orgueilleux et durs, les accords de la « Wacht am Rhein », écouter les notes solennelles de la libre chanson de Rouget de Lisle, chantées par eux sous le ciel hospitalier d’Italie, et, de ma vieille voix leur répondre pat l’hymne fraternel de Maneli.
Mon ami, conduisez-les moi vous-même, ces jeunes gens… »
Turin, 7 Avril 1919
Guido Rey, L’Alpinisme Acrobatique (Ed. 1929), p. X.

Pas de frontières pour les montagnards ! R. O.

« Nous levons les yeux, là-haut, très haut, un rayon donne sur le sommet et l’enflamme. Frappée par le soleil, l’extrême et mince lame brûle sur la cîme comme une flamme sur un immense cierge : Le Grépon ! »
Guido Rey, Alpinisme Acrobatique, p. 20.

« Qu’il est doux d’être auprès du compagnon qui a partagé nos angoisses et nos dangers, et de se sentir sain et intact, avec le Grépon prisonnier dans son âme ! »
Guido Rey, Alpinisme Acrobatique p. 53.

« Et combien, comme nous, dans la brève journée de la vie, ayant péniblement gravi leur Petit Dru, se rongent l’âme, parce que, le soir venu, et les forces disparues, ils ne peuvent atteindre un Dru plus élevé ! »

« Maintenant, je donnais un souvenir aux anciens compagnons d’aventure presque tous disparus ; deux d’entre eux, deux guides fidèles, étaient ensevelis là en face, non loin, sous les glaciers du Mont Blanc, et il me pataissait qu’il s’était écoulé un temps très long et que j’avais vécu deux vies, cheminant toujours et dormantant chaque nuit sur les roches, sous les étoiles. »
« Une douce mélancolie m’étreignait le cœur à la pensée de ceux que j’avais perdus en route ; et il me semblait qu’ils venaient à moi, dans le silence, du fond obscur de la vallée, montant par le fil de la crête ; j’entendais les pierres détachées par leurs pas ; déjà ils étaient proches, et, surpris de me trouver en ce lieu, me demandaient affectueusement : « Comment, toi ici, encore ? »
Et j’aurais voulu les serrer sur ma poitrine, comme autrefois dans les jours de victoire, retenir avec moi ces ombres chères pour discourir toute la nuit des souvenirs du passé ; mais ils poursuivaient leurs routes, et disparaissaient là-haut par la crête infinie. »
Guido Rey, Alpinisme Acrobatique, Un bivouac au Petit Dru.

……………………

V. Yéous, à l’ordre du jour, de Léviste.

A - Article de Cames, appréciations favorables en général. Les purs. Le téléphérique. Encourager le public vers le ski touristique. Autre aspect de la question : encouragement à la compétition d’une part, et surtout au ski touristique.
Dans la marge :
Puisque la commercialisation
de la montagne est fatale,
donnons-lui un aspect plus idéal.

Compétitions :
a/. Inutile d’insister sur l’attrait qu’elles exercent, saut, descente, fond.
b/. Améliorer méthodiquement la valeur de nos coureurs pyrénéens. S’inspirer des excellentes méthodes norvégiennes.
Tourismes. Transitions. Contrairement à ce que croient généralement les nouveaux venus au ski, le tourisme, même en haute montagne, ne demandent pas d’être un as, beaucoup moins que la compétition.
I. Résultats pratiques : décongestionner les champs les plus restreints, comme Gourette.
II. Montrera mieux la beauté des Pyrénées, montagnes qui ne se laissent voir qu’à ceux qui pénètrent plus avant dans ses solitudes. Avantages individuels du ski touristique :
III. Pour cela, encourager par des articles techniques traitant du ski sur le terrain, de descriptions détaillées d’itinéraires skiables, équiper modérément la montagne. Développements étendus à ce sujet.
Huttes, refuges. Bannir en grande partie le téléphérique.
Ne pas copier. La concurrence, au point de vue truquage( ?) de montagne, est trop forte dans les Alpes. L’avantage des Pyrénées sur les Alpes au point de vue touristique est leur danger plus restreint, leur climat plus clément, l’impression de solitude qu’elles donnent à quelques heures d’un lieu habité et très civilisé. Les téléphériques sont désastreux au point de vue esthétique ; au point de vue financier ils reviennent assez chers et leur prix… [Cf. le téléphérique du Pibeste (1439 m) exploité de 1936 à 1969 – des enfoirés veulent le reconstruire.]
IV. Enfin, j’ose, me pardonneras-tu cette audace, élever une voix qui n’est pas exclusivement commerciale [aujourd’hui on dirait pas politiquement correct]
a/. Je voudrais gagner à la cause de ces purs, dont parle M. Cames, l’élite de ceux qui viennent maintenant, ou viendraient à la montagne aux sports d’hiver. Le ski en haute montagne est une école d’énergie physique et morale, d’endurance, de sang-froid, d’endurance. La difficulté vaincu donnera à ceux qui ont le courage de l’affronter, une satisfaction bien plus intense et plus haute que d’astiquer une piste durant une journée entière. Et dans toute excursion un peu sérieuse, les difficultés ne manquent pas, fatigues d’une longue montée, problèmes d’une descente en terrain délicat.

Les activités montagne de 1932 figurent dans les Carnets de Robert Ollivier, ainsi que dans son livre Pic d’Ossau, en particulier pour ses relations avec Maïté Cabanne.

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